THEME PHOTOGRAPHIQUE : "SOLITUDE "
Le thème de notre prochaine exposition photographique étant "Solitude" , voici quelques lignes de réflexion sur le sujet afin de vous aider à éviter tout hors-sujet et de vous permettre de vous concentrer plus sur le Comment ? que sur le Quoi ?
Etymologiquement, si on en croit le Grand Robert, le mot français solitude date du début du XIIIème siècle et provient des mots latins Solus (seul) et Solitudo (état d'être seul ).
Voici la définition donnée par Larousse : "état ponctuel ou durable, choisi ou subi, d'un individu engagé dans aucun rapport avec autrui".
Qu'en conclure ? La définition du Larousse me semble incomplète car il y a ,en réalité, deux sortes de solitudes .
1)La solitude dite "objective" qui montre un élément seul dans un contexte non quantifiable et dont la représentation mathématique est le nombre UN. C'est le solus latin. ce peut être un objet, un élément, un être vivant.(exemples: un verre sur une table vide, une personne dans la rue, un arbre sur une colline…)
2)La solitude "subjective" c'est le "Solitudo" latin. On pourrait parler de solitude affective qui est étudiée en psychologie et en sociologie. Elle peut être choisie (l'ermite, l'anachorète) ou bien subie (le pestiféré, le migrant, celui qu'on met à l'écart).Ici, le sujet ne peut être qu'un être vivant !(exemples: dans une classe où tous les élèves écoutent avec attention la correction d'un exercice pendant qu'un seul regarde les mouches au plafond ! lors d'un concert, un spectateur endormi pendant que les autres écoutent la musique avec ravissement…)
Le distinguo entre ces deux solitudes se retrouvent ,par exemple, en anglais ou en allemand ( loneliness / solitude et allein/einsam)
Pistes photographiques:
A ) La solitude objective (ou mathématique). Sujet plutôt facile où il faudra soigner l'esthétique .Attention toutefois: l'élément mathématiquement catalogué UN doit être le sujet principal ( doit prendre la plus grande place dans le format choisi) et doit être le plus neutre possible à savoir être le moins narratif possible. Ne pas lui attribuer une action qui prédomine sur le fait d'être seul (le peintre de la tour Eiffel est bien seul mais la célèbre photo ne symbolise pas la solitude mais plutôt le côté cocasse et amusant de la situation.). Eviter également que l'arrière plan ne nous raconte pas quelque chose qui pourrait prédominer!(ex;je prends une poupée seule mais la tapisserie pour chambre d'enfant me raconte des histoires d'animaux qui vont me distraire du sujet ).Une profondeur de champ bien maîtrisée peut m'être d'un grand secours.
B ) La solitude subjective (ou affective).sujet plus difficile. Ici on est dans un rapport continu entre le sujet et le contexte. Il faut photographiquement traduire cet isolement psychique, car il s'agit bien d'isolement en observant et l'attitude du sujet et les caractéristiques de son environnement. Il faut que le sujet photographié ne soit pas comme les autres et que les autres soient en majorité le contraire de ce que représente le sujet. Dans cette piste de travail, l'arrière plan fait partie intégrale du sujet et doit être antinomique . Ici, la qualité de la photo sera fonction du bon fonctionnement entre le sujet et son contexte.
J'espère que ces quelques réflexions pourront vous être, peut-être, utiles et dites-vous que vous n'êtes pas SEUL à travailler le sujet ! Gilbert Rohan
De très bonnes et justes explications. Mais je m'interroge sur le côté "mathématique". "Solus" est un adjectif, associé au suffixe "tudo" on a le nom "solitudo". Un, deux...sont des adjectifs numéraux, ils ne font que quantifier sans "sentiments", la solitude est un nom féminin qui entraine une réflexion, un sentiment purement humain. Quelle soit choisie, subie, constructive, destructive, momentanée ou habituelle, la solitude va à mon avis avec une réflexion "psychologique". J'espère avoir été compris. Trois exemples: un arbre seul dans le désert va faire naitre ce sentiment de solitude, un verre seul sur une table pas évident, un personnage marchant seul dans une rue pas évident non plus. En gros prendre un objet ou un personnage seul ne suffit pas à faire naitre ce sentiment de solitude, il faut le contexte, l'attitude, le regard, le choix de l'objet peut avoir son importance, etc. L'exemple allemand pris par Gilbert traduit bien m'a réflexion, "je suis seul" et "je me sens seul".

