Olympus Pen F

Olympus Pen F par Gilbert

Historique.
Olympus veut réaliser un appareil compact,de qualité et bon marché .La société confie son étude à un jeune et brillant ingénieur Yoshihisa Mainteni qui opte pour le demi-format (half-frame)sur un film35mm qui donne des négatifs 18X24mm,format utilisé d’ailleurs par le cinéma.Ce format permet de réduire considérablement la taille des appareils et se révèle très économique quant au film puisqu’on double ses capacités (on peut faire 72 vues avec une cartouche de 36 vues en 24X36) . Ainsi naît en 1959 le premier Olympus Pen . très compact,bon marché et de qualité (rappelons qu’Olympus était à l’origine un fabricant de microscopes et d’optiques militaires ) il connaîtra un grand succès,souvent utilisé par les professionnels comme second boîtier.Il s’en suivra toute une série de Pen (Pen EE,Pen EES,Pen D),avec en haut-de-gamme le réflex Pen F sorti en 1963. C’est donc Olympus qui relance la mode du demi format et cinquante ans plus tard, le 16 juin 2009 ,le Phénix renaîtra de ses cendres avec la sortie du boîtier numérique Pen E-P1 dont les formes rappellent…
Présentation.
le modèle présenté ici est le dernier des Olympus Pen F,baptisé Pen FT sorti en 1966.C’est un très bel appareil sans aucune proéminence disgracieuse . Son design est des plus réussis et il respire la force tranquille.Il est tout métallique et tout mécanique. Ses dimensions ( 130mm X 66mm X 35mm) le classe assurément dans les compacts. Son poids est raisonnable: 500g boîtier nu. Il est esthétiquement réussi et sobre avec ses parties argentées et son gainage noir.Nous allons voir que ce reflex se démarque des autres. Commençons par la première surprise à savoir le viseur: si le format 18X24 et bien homothétique au format 34X36,ici il est en position verticale. Parfait pour le portrait mais moins pour le paysage.Affaire d’habitude me direz-vous . Contrairement aux autres reflex,il n’a pas de pentaprisme de visée mais utilise un viseur de type Porro (un miroir+une série de loupes) placés horizontalement. Ce système sera réutilisé sur l’Olympus numérique E300. Ce viseur comporte sur sa gauche des chiffre de 0 à 7 avec une aiguille suiveuse dépendante de la mesure effectuée par la cellule du posemètre intégré (cellule au CdS alimentée par une pile bouton de type PX625 ) .Seconde surprise,les chiffres correspondent aux ouvertures du diaphragme ! 0 correspond à la plus grande ouverture de l’objectif utilisé et 7 à la plus petite. La bague des ouvertures,située sur l’objectif,comporte les mêmes chiffres. Principe : après avoir choisi une vitesse,on regarde le chiffre indiqué par l’aiguille dans le viseur et on reporte ce chiffre sur l’objectif. On peut néanmoins modifier les paramètres .C’est donc un appareil de mode manuel. Revenons au viseur: il est de couleur légèrement verdâtre et possède en son centre un anneau de microprismes pour effectuer la mise au point en tournant la bague des distances sur l’objectif. L’armement est couplé automatiquement à l’avancement du film ainsi qu’au compteur de vues à remise à zéro automatique et s’effectue à l’aide d’un levier bien intégré au châssis. La manivelle de rembobinage est située sur la mollette située à droite du viseur qu’on tourne dans le sens des aiguilles d’une montre tout en maintenant enfoncé le bouton de débrayage situé sur la semelle.
Pour ouvrir le dos à charnières,il suffit de tirer vers le haut la manivelle de rembobinage. Le bouton pour déclencher est de forme rectangulaire ,bien encastré dans le capot et possède un écrou pour l’utilisation d’un déclencheur souple. Parlons de l’obturateur : encore une surprise.Yoshihisa Mainteni opte pour un obturateur rotatif,invention du français Jules Marey en 1882. !!! Le principe en est: un cache avec un trou est mis en mouvement derrière l’objectif. C’est un obturateur bon marché (ici cependant en titane) car facile à fabriquer et donc peu onéreux,très précis et plus encore ,très fiable.Les vitesses vont de 1 seconde jusqu’au 1/500 ème de seconde.En outre,l’obturateur rotatif permet une synchronisation du flash à toutes les vitesses. Il n’y a pas de griffe porte-flash mais sur le côté une prise X etM .Le choix des vitesses mécaniques se fait en tournant un bouton situé sur la face avant ; il suffit de positionner la vitesse de son choix en face du repère rouge. A la base des objectifs ,il y a une échelle de profondeur de champ. les objectifs sont à baïonnette Olympus spécifiques à ce réflex. Chaque objectif possède deux tétons,un,le plus à gauche , pour changer d’objectif et le second ,plus à droite pour voir visuellement la profondeur de champ dans le viseur. Pour enlever un objectif,on appuie sur le téton de gauche et on tourne l’objectif dans le sens des aiguilles d’une montre d’environ 40°. Faire l’inverse pour monter un objectif en alignant toutefois le répère rouge de l’objectif avec le repère rouge du boîtier.Ne pas les confondre les deux tétons car ils sont d’aspect identique ! Les optiques sont des Zuiko connus pour leur indéniable qualité. L’Olympus Pen F est en réalité un système photographique complet qui n’avait rien à envier ni à Canon,ni à Nikon: presque une vingtaine d’optiques du 20mm juqu’au 800mm en passant par le f:1,8/38mm objectif standard et deux zooms.Les accessoires sont nombreux : flash,bagues ,soufflet,endoscope et j’en passe…Olympus avait même fabriqué des bagues d’adaptation pour Praktica,Exakta,Leica M39 et Nikon !
Distribution des élément sur le boîtier.
1) de face , de gauche à droite! : Le bouton moleté des vitesses ,la bague de réception de l’objectif, le retardateur .
2) De dos, de gauche à droite : le viseur,le levier d’armement-avancement .
3) de dessus , de droite à gauche : : la manivelle de rembobinage et d’ouverture du dos , le témoin d’armement, le bouton déclencheur,le compteur .
4)de dessous, de droite à gauche : l’écrou pour fixer un pied photo,le bouton de débrayage,le logement de la pile .
5) sur les côtés : les fixations pour la courroie.
Conclusion:
L’arrivée de la série Pen chez Olympus va donner une indéniable impulsion au demi-format et le reflex PenFT en sera le vaisseau amiral .C’est un boîtier esthétiquement réussi,sobre,élégant,très fiable et aux nombreux accessoires mis à sa disposition mais sans doute à cause de son prix (1090 F en 1966,soit trois mois de salaire d ‘un ouvrier )il aura été adopté surtout par les professionnels comme boîtier d’appoint et les organismes scientifiques et médicaux.Le célèbre photographe américain Eugene Smith en avait toujours un avec lui ! Côté utilisation ,il s’avère plutôt bruyant et donc peu destiné à la photographie de rue. De nos jours,il est recherché par les collectionneurs surtout le modèle laqué noir. A ma connaissance,c’est le seul vrai réflex au format 18X24,les constructeurs se,lanceront plus tard dans quelques réflex compacts mais au format 110. Beaucoup d’amoureux du film argentique utilisent encore ce modèle car le prix du film ayant explosé,les économies qu’il procure sont attirantes.Quant à la côte elle est élevée et très fluctuante : sur eBay son prix avec l’optique standard de 38mm varie de 200 euros jusqu’à 1200euros !