Zeiss Contessamat SBE

Le Zeiss Contessamat SBE par Gilbert

Voici un élégant petit appareil allemand des années soixante mais qui ,comme toute l'industrie photographique allemande, subira la déferlante nippone sur notre continent ,le coût de la main d'oeuvre s'avérant trop élevé ou du,moins pas assez concurrentiel. Représenterait-il,pour ce qui est des compacts, le champ du cygne de cette industrie tant estimée depuis plus d'un demi-siècle? Difficile d'en douter.
Historique : souvenons-nous que les usines premières de la firme Carl Zeiss était installées avant la seconde guerre mondiale dans la ville de Dresde qui passera sous contrôle russe à la fin de cette guerre pour s'installer à Jena puis fera partie de la république démocratique allemande (la fameuse RDA). Elle continuera à fabriquer du matériel photographique et alimentera en optiques la firme VEB Pentacon. après un long procès,elle conservera le nom de Carl Zeiss jena .Une partie du matériel et du personnel de la firme d'origine se retrouveront en Allemagne de l'Ouest et s'installeront dans la petite ville d'Oberkochen près de Stuttgart et conserveront le nom de Zeiss et de Zeiss-Ikon. Le Contessamat SBE verra le jour en 1966 ,sous la direction de l'ingénieur Hubert Nerwin.Sa production cessera fin 1969 date à laquelle Zeiss fusionnera avec Voigtländer autre célèbre firme allemande.Les usines fermeront définitivement en 1972.Dernier avatar,la construction par la firme japonaise Yashica des Contax dotés d'optiques Zeiss. Les usines fusionneront pour devenir JenoptikCarlZeiss jena GmbH,un des leaders mondiaux en microscopes,optiques scientifiques et verres pour lunettes.

Présentation : Le Contessamat SBE ,le modèle le plus évolué de la série Contessa , est un joli compact quasiment tout métal,sobre par ses deux couleurs noir et argent mais moins par les nombreuses inscriptions qui pénalisent,à mon goût,la sobriété du boîtier lui-même.C'est un vrai compact de par ses dimensions ( 110mm X 90mm X 70mm) mais moins par son poids (630g!) .Visuellement il peut nous paraître fragile mais dès qu'on l'a en main on se persuade vite du contraire! Il utilise le film 35mm,donnant des négatifs au format 24X36mm. C'est un appareil à visée télémétrique: il possède un viseur rectangulaire de type Albada, très lumineux avec le cadre de l'optique fixe avec correction automatique de la parallaxe et un cercle central plus clair délimitant le télémètre à coïncidence.En haut du viseur,l'échelle des diaphragmes avec l'aiguille du posemètre.On choisit une vitesse et la cellule indique le diaphragme correct,c'est donc une priorité à la vitesse correspondant au mode S (speed) sur nos appareils numériques actuels.L'obturateur est mécanique .C'est un Prontor Matic 500SL qui va de 1 seconde jusqu'à 1/500 ème de seconde sans oublier la pose B . Il est synchronisé pour le flash à toutes les vitesses.Les deux prises synchro sont sur le capot sous un cache qu'on fait pivoter. Le contessamat a un automatisme débrayable : en effet,on peut choisir sur la platine porte-objectif la vitesse et l'ouverture de son choix (de f:2,8 jusqu'à f:22). le diaphragme est à cinq lamelles. Il y a un retardateur mécanique (jusqu'à 10 secondes) également situé sur la platine.L'objectif est un Zeiss Tessar f:2,8 /50mm,formule à quatre éléments en trois groupes,connu pour ses qualités.La mise au point se fait par deux boutons proéminent (en plastique noir) qui permettent de tourner la bague des distances en relation avec le télémètre. Le posemètre situé sur la partie haute de la façade est au sélénium et la position de son aiguille est indiquée en haut du viseur ainsi que sur le capot,il est étalonné en fonction des ouvertures.L'armement et l'avancement du film se font par un levier presque totalement intégré dans le boîtier et synchronisé avec le compteur de vues qui possède en son centre le bouton de déclenchement lui-même percé pour recevoir un éventuel déclencheur souple.Chose rare ,cet appareil possède un automatisme pour le flash par couplage distance/ ouverture . On trouve au milieu du capot un sabot sans contact,il faudra donc utiliser un câble de synchronisation. Sous la semelle on trouve un bouton de déverrouillage de la manivelle de rembobinage,un écrou pour fixer un pied photographique et enfin la manivelle de rembobinage incrustée dans un réceptacle à sa forme. Le dos est à charnières et s'ouvre en poussant un téton situé sur un des côtés vers le bas. L'appareil était livré dans un somptueux sac TP en cuir et en velours

Disposition des éléments: 1) de face,de gauche à droite :fenêtre circulaire du télémètre,bouton noir pour tourner la bague des distances,bague dentelée pour choisir un diaphragme,seconde bague dentelée pour choisir une vitesse, la bague des distances avec l'échelle de la profondeur de champ,l'optique,le viseur,levier du retardateur avec un point rouge ,second bouton noir pour la bague des distances , fenêtre de la cellule au silicium.
2) de dessus de gauche à droite :compteur de vues avec bouton de déclenchement,sabot pour flash,fenêtre pour indiquer l'ouverture donnée par la cellule,cache des prises pour le flash.
3) de dos,de gauche à droite: oculaire de visée,levier armement/avancement du film.
4) de dessous de gauche à droite :manivelle de rembobinage, écrou pour la fixation du pied photo,bouton de déverrouillage de la manivelle de rembobinage.
5_)de côté : téton-glissière pour ouvrir le dos .

Conclusion : le Contessamat est un boîtier qui ne manque pas d'élégance mais un peu plus de sobriété et c'eût été parfait. Il a presque tout ce qu'un photographe amateur éclairé est en droit d'attendre d'un compact. de dimensions réduites,il possède une optique de très haute qualité,un viseur très lumineux,un télémètre précis , une correction de parallaxe, un réglage automatique du flash et même si la cellule n'est pas couplée,il possède beaucoup d'atouts pour séduire. La menace japonaise arrivant sur le continent,il n'aura connu qu'un succès d'estime et sa longévité aura été plus que relative,à peine trois ans ! Bien qu'assez rare,il sera dédaigné de la part des collectionneurs pour des raisons sans doute peu rationnelles. Ceux qu'on trouve en état de fonctionnement se vendent entre 60 et 80 euros. J'allais le baptiser" le crépuscule des dieux " mais il est d'autres appareils photographiques allemands qui méritent peut-être plus ce titre !